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Les trois piliers de lidéologie poutinienne

Ce système l’aurait également permis d’enrichir ses proches en prélevant de l’argent sur les grands groupes industriels du pays, dont beaucoup sont aux mains de ses amis. Différentes estimations (pour les plus élevées de 40 milliards de dollars à 200 milliards de dollars), ont circulé au fil des années sur la fortune de Poutine. Pour le journal, le montant de ces estimations n’a finalement aucune importance car Poutine « a plus de pouvoir que l’argent ne peut en acheter ». Dans cette perspective, l’État russe a implanté à New York et à Paris des « Instituts de la démocratie et de la coopération ». Le 24 septembre 2011, lors du congrès de Russie unie, le président Dmitri Medvedev propose la candidature de Vladimir Poutine à l’élection présidentielle du 4 mars 2012. À la suite de cette annonce, le ministre des Finances Alexeï Koudrine, longtemps pressenti pour le poste de président du gouvernement dans le cas d’une candidature de Poutine, critique publiquement cette décision, ce qui l’amène à démissionner le 26 septembre 2011.

Cuisine du monde

  • En 1993, le Président russe Boris Eltsine fait tirer sur le Parlement regroupant la fraction nationaliste et communiste.
  • En 2008, la Constitution lui interdisant de concourir pour un troisième mandat consécutif, il soutient la candidature à la présidence de son premier vice-président du gouvernement, Dmitri Medvedev.
  • Lorsque l’on demande aux sondés, en décembre 2014, s’ils sont prêts à assumer une baisse substantielle du niveau de vie de leur famille à cause des sanctions occidentales, 30% répondent par l’affirmative, mais 62% par la négative.
  • Lors de son discours du 12 décembre 2013, il cite Lev Goumilev en évoquant son concept de « passionarité » ou « énergie intérieure » du peuple russe, et qualifie le développement de la Sibérie et de l’Extrême-Orient russe de « priorité nationale pour tout le XXIe siècle ».

Certes dès les années 2000, ce sont des ressorts coercitifs qui ont pour l’essentiel permis au système Poutine de se mettre en place et de se maintenir. Contrairement à ce qui est souvent dit, notamment par les dirigeants eux-mêmes, je ne pense pas que la société russe soit dans son ensemble apathique et dépolitisée. Simplement elle nourrit depuis longtemps un grand sentiment de méfiance et de défiance face au jeu politique.

Voir également

Enfin, 64% des sondés soutiennent l’idée d’une Ukraine indépendante et entretenant des relations de bon voisinage avec la Russie, contre 22 % souhaitant une Ukraine sous le contrôle économique et politique de la Russie. Toute la question est de savoir jusqu’à quand le discours belliqueux de Vladimir Poutine séduira des Russes qui vont subir durement, en 2015, la crise liée à la chute des prix du pétrole et, dans une moindre mesure, aux sanctions occidentales. Ces crimes de guerres concernent en l’occurrence l’enlèvement, la déportation, le transfert et l’adoption forcés d’enfants ukrainiens. Outre les accusations de fraudes électorales lors des élections de 2000, de 2008, de 2011N 5,, de 2012, de 2016 et de 2018, certains analystes considèrent qu’il existe une dérive poutine crevette autoritaire du pouvoir de Vladimir Poutine. Ils le considèrent comme le flambeau qui représente la Russie aux yeux du monde entier et qu’ils peuvent brandir.

Caractéristiques du poutinisme mises en lumière par publicistes et journalistes

En réaction aux remous causés par l’affaire du Russiagate il a estimé que l’ancien directeur du FBI, James Comey, « n’avait fourni aucune preuve que la Russie avait interféré dans les élections américaines » lors de son témoignage au Sénat. Le 27 octobre 2016, le président russe fait un discours à Sotchi, réfutant les affirmations du Président Barack Obama et Hillary Clinton, selon lesquelles des pirates russes à son ordre seraient les responsables du piratage des bases de données du Parti démocrate américain. Si Poutine reste le grand favori dans la course au Kremlin, il fait pourtant figure de dirigeant contesté au sein d’une partie de la population. Ce recul est, selon les observateurs, en partie imputable à ce qui est qualifié de « tour de passe-passe » avec Medvedev. Le succès de ces réformes, couplé à des recettes fiscales importantes issues de la vente des hydrocarbures, ont permis d’assurer selon le gouvernement une hausse substantielle du revenu réel des particuliers (+ 58,5 % entre 1999 et 2002, + 13,55 % en 2004).

Pourtant, cela fait depuis longtemps que les différents dirigeants qui se sont succédé à la tête de l’Empire russe, de l’URSS puis de la Fédération de Russie pratiquent de telles manœuvres. Àtitre d’exemples, le président russe a explicitement cité Goumilev et la « passionarité » dans son grand discours à l’Assemblée fédérale en , ou encore dans un discours de 2017 sur « la Russie tournée vers l’avenir31 ». Nombre d’historiens voient une continuité de Nicolas Ierà Poutine, en passant par Staline, dans l’ambition de faire de la Russie la puissance phare d’une « autre Europe » (on peut y inclure Pierre le Grand et Catherine II). Quant à Sergueï Ouvarov, connu comme l’un des principaux hommes d’État ayant servi la dynastie des Romanov, il justifiait la politique de puissance impériale par le caractère partiellement oriental de la Russie et encouragea les études orientalistes dont il fut l’un des pionniers.

Savoir faire

En ressort par exemple l’idée que la Russie évoluerait dans l’histoire en étant poussée par une « âme nationale », là où les Européens avancent au gré de conflits, de divisions, de victoires d’un parti sur un autre. Dans La Russie et l’Europe, Danilevski estimait aussi que l’expansion russe avait toujours libéré des peuples opprimés ou accablés, dans une forme de mission civilisatrice à la russe. Ce dernier élément est présent dans la rhétorique des dirigeants russes, qu’il s’agisse des interventions à l’étranger de leur pays ou de la nécessité de protéger les minorités russes vivant hors de la Fédération. Cette part de calcul politicien dans les orientations idéologiques du pouvoir russe est encore plus présente dans l’image que cherche à renvoyer Poutine à l’étranger. N’a-t-il pas conquis puis sécurisé son pouvoir en jouant de celle-ci, faisant de lui une sorte de chat de Schrödinger ? On trouve à peu près ce que l’on veut chez le camarade Poutine, ce qui explique qu’il soit apprécié auprès de populations et de bords politiques si divers, le tout pour des raisons souvent opposées d’un pays à l’autre, d’un camp idéologique à un autre.

Concédant que « le niveau de vie a fortement augmenté », elle souligne cependant qu’il « en a profité pour améliorer davantage le niveau de vie des fonctionnaires et dans les secteurs proches de l’État comme la sécurité ou la justice ». Au début de la carrière politique de Poutine, en particulier après son élection à la présidence de la Russie en 2000, Poutine est admiré par une grande partie de la population. Selon un sondage Pew de 2012 relayé par Foreign Policy, 72 % des Russes soutiennent Poutine et sa politique. Mais en 2018, sa popularité chute de vingt points, principalement en raison de la réforme contestée des retraites et de la baisse du pouvoir d’achat. À partir du 31 décembre 1999, à la suite de la démission de Boris Eltsine, il assure les fonctions de président de la fédération de Russie par intérim. Il devient président de plein exercice le 7 mai 2000, après avoir remporté l’élection présidentielle anticipée.

Candidature contestée à un troisième mandat présidentiel

D’après Alexandre Terletzski, « le nouveau Tsar, comme on aime à l’appeler, se veut le grand défenseur d’un monde multipolaire encore rejeté par les États-Unis ». Le 15 janvier 2020, Vladimir Poutine propose une réforme de la Constitution russe renforçant les pouvoirs du Parlement au détriment du pouvoir présidentiel. Après validation du texte par la Cour constitutionnelle, le président annonce qu’un vote par référendum se tiendra le 22 avril si la « situation sanitaire » — liée à la pandémie de Covid-19 — le permet. La politique étrangère de Poutine lors de son premier mandat est dans la continuité de la politique de Eltsine.

L’opposant Vladimir Milov, ancien vice-ministre de l’énergie, président du parti Le choix démocratique, ne le croit pas. Pour Michel Eltchaninoff, le président russe « s’empêtre dans l’idéologie qu’il a lui-même développée, au risque de s’y enfermer ». L’Etat russe est pour lui « en dilatation permanente », dont la Moscovie a donné l’exemple grâce à son « régime autocratique ».

Les Occidentaux qui « ne comprennent ni ne supportent l’originalité russe » chercheront à démembrer la Russie pour la faire passer sous leur contrôle et la faire disparaître. On ne s’étonnera donc pas que Poutine soit davantage enclin à se tourner vers des penseurs comme Ilyine plutôt que vers des écrivains occidentalistes et pro-européens. La perception, entretenue par le pouvoir, d’une menace permanente à l’extérieur comme à l’intérieur avec le risque de déstabilisation du pays permet de resserrer les rangs autour du chef. La réaffirmation de la religion orthodoxe et des valeurs conservatrices est en grande partie synonyme de leur instrumentalisation, bien qu’il y ait là un vrai projet de société qui ne se limite pas à une simple entreprise de séduction des masses populaires et des électeurs âgés. On peut être d’autant plus porté à le croire que cette rhétorique ne paraît basée sur aucun moteur idéologique si ce n’est le culte d’une puissance drapée dans le nationalisme et la religion, aucun projet de long terme si ce n’est la survie de cette politique de puissance.

A contrario, le travail diplomatique patient de Cyrille en faveur des communautés orthodoxes du Proche-Orient a par exemple contribué au renforcement de l’influence russe dans la région. Attardons-nous sur l’homme d’affaires milliardaire Konstantin Malofeev, proche de Poutine comme des dirigeants de l’Église orthodoxe, et personnalité active dans la bataille pour la consolidation morale, religieuse et nationaliste de la société russe. S’il soutient le président dont il influe parfois sur le discours et les décisions, il n’hésite pas à critiquer le gouvernement russe ou à s’opposer à d’autres personnalités emblématiques de l’élite dirigeante. Malofeev finance les rebelles prorusses ukrainiens, et on le soupçonne depuis la publication d’une enquête de la Novaya Gazeta d’avoir contribué à la planification minutieuse de la guerre hybride contre l’Ukraine.